Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/159

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II

Pourquoi les yeux, étant limpides, mentent-ils ?
Comment la vérité, dans leur indifférence,
Meurt-elle en diluant ses frissons volatils ?
Nul n’en a vu le fond malgré leur transparence
Et ce n’est que cristal fluide, à l’infini,
Qui toujours se tient coi, l’air sincère et candide.
Aucune passion, aucun crime ne ride
Ce pouvoir dangereux d’être un étang uni.
Ah ! savoir !… s’y peut-on fier, sources de joie,
Quand ils ont l’air d’un peu promettre de l’amour,
Ou ne sont-ils qu’un clair mirage où l’on se noie ?
Ah ! savoir !… démêler l’ombre d’avec le jour,