Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/165

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V

L’œil est un glauque aquarium d’eau somnolente :
Tranquillité, repos apparent, calmes plis
Comme ceux qui s’éternisent dans les surplis ;
Puis tout à coup un trouble, une ascension lente
D’un désir qui vient faire une blessure à l’eau,
Moires d’une blessure élargie en halo.
Ce désir s’évapore ; un autre lui succède.
Chacun des mouvements de l’âme en cette eau tiède
Est une ombre sous des vitres qui disparaît ;
En fuite comme avec des nageoires, l’ombre erre
Et s’argente dans la transparence du verre.
Aquarium peuplé de songes en arrêt !