Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/168

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La source qu’on croyait captée au fond de soi
Jusqu’au plein air des yeux est de nouveau déduite
Et s’égoutte, collier d’âme désenfilé !

Or qui les filtre une à une, ces larmes nues ?
Élixir de douleur, né dans quelles cornues ?
Et qui cristallisa leur mystère salé
En l’émiettement de semblables globules ?…
Quels sables sont en nous ? quel puits intérieur
D’où montent, en crevant, ces pleurs comme des bulles ?
Ou bien le crâne est-il une grotte en moiteur
D’où sourdent ces stalactites intermittentes ?

Où donc le réservoir des pleurs, agrégat d’eaux ?
Quels circuits jusqu’aux yeux, au long de quelles pentes ?
Où donc, sur quels penchants du cœur, sur quels coteaux,
Les vignes dont le vin a rempli ces burettes
Pour la messe de Joie ou la messe de Deuil ?

Sens divers et confus qu’ont les larmes muettes ;