Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XII

Mon âme dans les yeux languissamment dérive,
Les yeux vastes et frais, comme emplis d’une eau vive ;
Mon âme y vogue à cause aussi d’un certain bleu
Qui dans les yeux, ainsi que dans l’eau, semble vivre,
Le bleu du ciel au fil des yeux qui flotte un peu…
Et mon âme entraînée en eux se plaît à suivre
Ces petits golfes clairs dans les roseaux des cils,
Ces bords des yeux pareils à des anses de joie
Où mon âme en partance, un moment, s’atermoie
Avant d’appareiller pour de lointains exils.

Bords des yeux, bords de l’eau ! transparence bleuie !
Multiplication fragile des reflets !