Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/209

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V

La fumée a monté des toits languissamment
Pour aller dans le ciel rejoindre une nuée
Où, pensive, elle s’est comme continuée…
Ô nuée, amarrée au fond du firmament !
C’est un calme navire, une île irrésolue
Que des alluvions de fumée ont accrue…
Et le vent léger joue en ce jardin changeant
Tantôt s’élargissant et tantôt s’allongeant,
Nuée inconsistante, à peine située…
Mais la fumée entre dans elle et disparaît ;
La fumée est la jeune sœur de la nuée,
Toute fragile et l’air d’apporter un secret ;