Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/44

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Quand il était facile et suave pour elle
D’être visionnaire en restant naturelle !

La Mer aussi, qui voulut trop, souffre ; elle geint
De se briser aux rocs aigus des promontoires ;
Flots opaques, et gris comme un jour de Toussaint ;
Flux incessants et qu’on dirait expiatoires,
Sans cesse labourés par le vent et l’éclair,
Sans cesse fatigués par les vaisseaux véloces ;
Mer infinie en qui se fane un trésor clair :
Perles, coraux, et tous ces beaux écrins de noces,
Richesse intérieure, orfèvrerie en feu,
Dont, trop vouée à vivre, elle a joui si peu !

L’Aquarium les plaint, toutes ces eaux vassales
Que la vie intéresse, et s’y associant ;
Tandis que lui, de son seul songe, est conscient ;
Il n’a pas d’autre but que ses fêtes mentales
Et l’anoblissement de l’univers qu’il est ;
Eau de l’Aquarium dont la pâleur miroite,