Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/43

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De porter des vaisseaux, de réfléchir des tours
Et d’être au gré de l’heure en ses vastes détours !

Même l’eau du Canal n’est pas assez recluse,
Trop impressionnable aux nuages, au vent,
Au jeu de s’argenter parfois à quelque écluse
Qui le fait blanc comme les cygnes l’énervant.

L’eau du Jet d’eau surtout est trop impatiente
De se grandir, de se lever comme un cimier,
Comme un beau vol de colombes qui s’oriente
Et que la lune attire en son clair colombier.
Ah ! ce leurre du ciel lointain et de la lune !
Car le Jet d’eau retombe en plumes, une à une ;
C’est chaque fois, dans la vasque, comme une mort,
Comme un deuil blanc qui s’émiette et qui surnage.
Plus de reflets ! L’eau trouble est pleine de carnage ;
Triste aboutissement d’un orgueilleux effort,