Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/54

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IV

La chambre triste et lasse est enfin résignée
Et s’abandonne au soir qui, sournois, s’insinue :
La chambre a l’air plus grande, a l’air aussi plus nue ;
L’ombre a tissé ses fils de toile d’araignée
Dans les angles, d’abord plus obscurs, du plafond.
Elle fane les étoffes, elle les fonce ;
Dans le miroir blêmi, les reflets se défont
Comme d’une Ophélie en larmes qui s’enfonce ;
Et les plis des rideaux ressemblent aux ornières
Très profondes des vieux chemins d’un vieux pays.
Le soir s’amasse, ayant la crainte des lumières,
Autour du lustre et des lampes, surtout haïs,