Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Quotidien émoi du retour de la nuit
Qui suggère la mort, parce qu’elle est complice
De cette cueillaison d’une âme comme un fruit…
Chacun sait son embûche, et que la mort s’y glisse !
Aussi, dans l’ombre accrue, a-t-on des peurs d’enfant ;
Car on sent, parmi ces crêpes, la mort qui rampe…
Qu’on allume la lampe ! Ah ! vite, un peu de lampe
Qui nous libère des ténèbres étoffant
La chambre pour en faire une chapelle ardente !
On est pris d’une angoisse et comme dans l’attente ;
Un péril imminent nous menace à coup sûr ;
Quelque lueur suprême expire au long du mur ;
Voici l’ombre qui, dans la chambre, s’acclimate !
Ah ! pour s’en prémunir et se sauver encor,
Vite la lampe, encor qu’elle ait l’air d’un stigmate,
Et rouvre dans l’air vide une blessure d’or.

On échappe dès lors au morne crépuscule,
Que la lampe, de son feu fidèle, a vaincu ;