Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/72

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XII

Par ma fenêtre ouverte, une musique arrive
Qui traverse l’espace et les crêpes du soir ;
C’est d’un accordéon, au loin, à la dérive…
Où s’en va la fumée en quittant l’encensoir ?
Où fuit le son à qui le couchant s’apparie,
Et pourquoi voyager, s’en venir jusqu’à moi
Et dans ma solitude apporter son émoi,
Musique trop en pleurs qu’un léger vent charrie ?
Musique en peine de quelle âme ? Air aigrelet
Qui se traîne comme une vieille sous un châle ;
Un air de demi-deuil, on dirait violet,
Mais qui se fane, à chaque instant un peu plus pâle !