Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/94

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VI

Douceur des mains où sont cachés des viatiques,
Les mains qui sont un peu notre âme faite chair !
Mains modestes, mains calmantes, mains magnétiques,
Pâles d’avoir semé des fluides dans l’air.
Mains de pardon sur les péchés, ou mains de proie
Sur les cheveux, ainsi que des chauves-souris,
Les emmêlant d’un vol qui tournoie et foudroie.
Mains comme des bouquets, et mains comme des cris ;
Ô mains non moins spirituelles que charnelles !
Les mouvements sans fin de l’âme sont en elles,
Transmis en un instant, avec quels fils ténus !
Mains dociles en qui des ordres sont venus