Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/74

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De peintre, naturellement !


— Eh bien ! observez donc cette statue.


Ce disant, il élevait la lampe autant qu’il pouvait afin d’éclairer de haut le torse antique.


— Voyez ces lumières fortes sur les seins, ces ombres énergiques aux plis de la chair et puis ces blondeurs, ces demi-clartés vaporeuses et comme tremblantes sur les parties les plus délicates de ce corps divin, ces passages si finement estompés qu’ils semblent se dissoudre dans l’air. Qu’en dites-vous ? N’est-ce pas là une prodigieuse symphonie en blanc et noir ?


Je dus en convenir.


— Si paradoxal que cela paraisse, les grands sculpteurs sont aussi coloristes que les meilleurs peintres ou plutôt les meilleurs graveurs.

Ils jouent si habilement de toutes les ressources du relief, ils marient si bien la hardiesse de la lumière à la modestie de l’ombre que leurs sculptures sont savoureuses comme les plus chatoyantes eaux-fortes.