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« — Non, ce qui est fait est fait, » répondit Rabbi Mathia.

Raphaël remonta près de l’Éternel et dit :

« Rabbi Mathia, craignant d’être de nouveau tenté, ne veut pas être guéri.

« — Retourne auprès de lui, dit l’Éternel, Rabbi Mathia règne sur Rabbi Mathia. — J’engage ma parole que jamais l’esprit du mal n’aura prise sur lui. »

Et alors Rabbi Mathia se laissa guérir.


Jalcout, Section Wa-Yechi, n° 16, sur le verset 49, 22 de la Genèse.


Hippolyte Rodrigues. — Les Origines du Sermon de la montagne, Appendice, note cinquième, page 151 à 154, traduction libre.




VI


LE DÉTAIL ET L’ESSENTIEL


Cinquante années avant Jésus, les deux écoles qui se disputaient le pharisaïsme soutinrent une interprétation différente du royaume du ciel.

Hillel et Schamaï discutèrent publiquement leurs interprétations.

Le Talmud donne à sa manière le résumé de cette discussion et le jugement des Sages.

(Traité Betza ou Yom Tob, fol. 16.)


Schamaï prêcha l’interprétation de l’ascétisme, du renoncement, de la vie terrestre incessamment sacrifiée à la vie céleste, de la pensée constante de Dieu et de la vie future.

Hillel prêcha les vertus morales et sociales, les devoirs naturels accomplis avec douceur, — l’obéissance aux volontés de Dieu.

Ce qui était dire que lorsque la conscience des hommes serait pénétrée de la pensée de Dieu, et lorsqu’ils lui obéiraient, à ce point qu’il ne serait plus fait sur la terre que la volonté de Dieu, alors ce monde serait devenu le royaume de Dieu (la religion intérieure).

C’est pourquoi Luc disait (XVII, 21) : « Voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous, » Luc reproduisait Isaïe, Jérémie et Hillel.