Page:Roger De Beauvoir - Le Chevalier De Saint-georges Edition2V4 1840.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

partie basse de sa maison, lorsqu’un soir elle crut distinguer un homme à travers les persiennes éclairées de la chambre du milieu, qui servait de laboratoire. Ce n’était pas l’Espagnol, car il se tenait alors dans la cour, roulant entre ses doigts un papelito, dont la fumée onduleuse montait jusqu’à sa fenêtre… Mme de Langey avait soufflé sa lumière et se tenait collée contre une vitre, les yeux attachés sur son gardien…

Il grimpa bientôt dans le laboratoire, où la flamme était intense, et parut discourir vivement avec l’homme qui s’y trouvait. Par une illusion qui ne pouvait trouver sa source que dans une folle espérance, la marquise se persuada que cet homme était peut-être M. de Vannes ou son fils ; cependant la silhouette noire paraissait plus longue de taille. Les deux ombres se séparèrent bientôt Mme de Langey remarqua qu’en partant elles ne se saluaient point…… Curieuse de voir si elle ne se trompait pas, elle attendit que l’inconnu passât au-dessous de sa fenêtre pour l’appeler… les rayons de la lune lui firent alors reconnaître le joaillier Boehmer. Il avait travaillé pour la marquise, et parut surpris au delà de toute expression de la trouver en ce lieu.

— Tout entretien nous perdrait, lui dit-elle, prenez ceci et remettez-le à son adresse.

C’était le ruban ; le joaillier tendit son tricorne et le reçut… Il venait à peine de franchir la grille que le comte entra chez Mme de Langey, tenant à la main plusieurs papiers.

— Vous voilà riche, lui dit-il, comtesse de Cerda, car un honnête homme vient de me remettre une