mille esclaves le front courbé sur ce sol pour le produit du maître… Ces quatre pans de mur que vous regardez là, c’est ou plutôt ce fut la Rose !
— La Rose ! as-tu dit ? mais en est-tu bien sûr ?… je n’aperçois là que des décombres !…
Et malgré lui sans doute le général noir se prit à rêver… Un soupir mal étouffé s’échappa de sa poitrine. On eût dit qu’il connaissait ces lieux aussi bien que l’homme ; il prononçait des noms qui leur avaient appartenu.
Tout d’un coup la rage eut l’air de reprendre le dessus sur cette émotion de quelques minutes ; il montra le poing à ces ruines inoffensives, et tirant son grand sabre hors du fourreau, il en frappa le sol en prononçant ce seul mot :
— Vengeance !
En même temps il venait de remonter à cheval, et il échangeait avec l’homme quelques paroles rapides…
La prédiction du vaudou se trouvait accomplie à l’égard de Zaö, car ce général noir, ce comte de Marmelade, c’était lui ! Il portait une magnifique brochette de décorations et commandait à près de quatre cents hommes.
— Parlez-leur, senor, dit Zaö à son nouvel acolyte.
— Compagnons ! cria l’homme, c’est moi qui cette nuit ai reçu l’ordre du comte de Marmelade de vous diriger… Vous devez tirer vengeance des habitans de Saint-Marc, qui osent vous refuser du pain et des vivres. Vous connaissez l’ancienne prison de