Aller au contenu

Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
LE CAFÉ DES ARTS.

poitrine ! s’écria Dorat. Il pleut à ne pas mettre l’abbé Domino dehors.

L’abbé n’entendit pas, il venait au même instant de faire son domino sur Blondin.

— Va donc pour les fleurets ! s’écria La Boëssière. Je vais vous en rapporter de longs et de courts, à 32 ou à 33, vous choisirez.

La Boëssière fit craquer les ressorts d’un ample parapluie et posa son tricorne sur sa tête vénérable de maître d’armes. Jamais il n’y eut d’homme plus tranquille et plus aimé que La Boëssière. On aurait pu le prendre, rien que sur sa figure, pour le symbole de la Paix.

Dorat écrivit les noms, on les plaça dans le chapeau de Parny.

Mlle Isaure Delatour y plongea la main, le premier nom qui sortit fut celui de Saint-Georges.

Le neveu de Mme Bertholet pâlit, peu s’en fallut qu’il ne laissât tomber la Gazette des Gazettes.

Il se crut la dupe de quelque fatale machination ; mais il était trop tard pour reculer : La Boëssière venait d’apporter les fleurets.

— Le sort vous sert mal, jeune homme, dit La Morlière au provincial. Nous allons voir comment l’on tire à Évreux……

La pluie ayant cessé, les consommateurs venaient de sortir ; il ne demeura que Blondin et l’abbé Domino dans le café.

Son renfoncement en forme d’abside servit de théâtre, le provincial y monta plus mort que vif ; mais il surprit un sourire bienveillant dans le regard