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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— Enfin ! s’écria-t-elle en se jetant à son cou, c’est lui !

Elle l’embrassa de nouveau, et, se livrant à des transports de joie insensés, elle courut baiser aussi le tableau de la Madeleine.

— Tu as tardé bien longtemps !

Elle le débarrassa de son ceinturon de chasse, de son couteau, de ses boucles ; elle essuya la poussière de ses dentelles, passa la main sur son front et le contempla avec toute la tendresse de son amour !

— Que tu étais beau ! comme ils ont dû t’envier !

— Le duc de Chartres m’a fait capitaine de ses chasses : tu avais bien deviné en me faisant les cartes l’autre soir. Je crois à ta science, Noëmi !

— Comme à mon amour, n’est-ce pas ? Pendant tout le jour je suis restée là… vois-tu… seule devant la Madeleine. Je la conjurais de te préserver de tout mal !

Elle reprit :

— Capitaine des chasses ! c’est donc une bien belle chose !

Saint-Georges sourit : il tendit sa main ornée de bagues à sa mère ; elle approcha le bougeoir pour mieux les examiner.

— Celle-là ? dit-elle.

— C’est un saphir.

— Il a l’éclat de ces charmans petits colibris que tu m’apportais autrefois à Saint-Domingue. Autrefois ! ajouta avec tristesse Noëmi.