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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/18

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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Vannes, m’a appris la trompe pendant six mois. C’est Souré, celui qui sonnait si bien aux Saint-Hubert de Compiègne…

— Monsieur le chevalier, dit Jasmin avec un air de solennelle affliction et comme oppressé de ce qu’il allait dire à Saint-Georges, monsieur le chevalier, j’ai un aveu à vous faire…

— Un aveu ! monsieur Jasmin ; parlez…

— Eh bien ! il faut vous résoudre à me quitter, monsieur le chevalier… N’allez pas croire que ce soit par dégoût de ma condition, au moins ! non ; ce que j’en ai dit tout à l’heure, c’est par boutade ; vous avez de bons momens… Mais, monsieur le chevalier, je me marie.

— Et qui épouses-tu, monsieur Jasmin ? dit Saint-Georges, quelque peu surpris de cette retraite inattendue.

— Mademoiselle Rosette, monsieur le chevalier ; une repasseuse adorable du quai de Bercy.

— Rosette, qu’est-ce que cela ?

— Elle se dit la nièce d’un gentilhomme colon, qui est mort aux îles et dont elle espère du bien…

— Vous êtes un imbécile, Jasmin ; quelque petite fille qui se gausse de vous.

— Je ne pense pas, monsieur le chevalier ; d’ailleurs je ne déroge point ; elle va devenir pomponnière de Mme de Blot.

— Peste ! si elle copie sa maîtresse, elle sera bientôt réduite à rien ! Vous savez, de Vannes, continua le chevalier, voilà un an que pour se faire maigrir la de Blot s’est mise au lait ! Mais voyez donc