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LA CHEVALIERE.

vos conventions, mais je vous crois trop juste et trop généreuse à la fois pour ne point me dédommager par un assaut d’armes public…

La chevalière inclina la tête et fit signe au maître d’armes de sortir. Elle s’en fut à la table examiner les fleurets à travers son voile noir, qu’elle tenait rabattu sur son visage.

— Courage ! dit le professeur à Saint-Georges, que la vue de la chevalière semblait n’émouvoir en rien, courage, vaillant Achille !

Il sortit de la salle en jetant un regard triomphant au chevalier ; puis, ne voulant rien perdre de ce combat singulier, il fut se blottir avec une anxiété extrême près de son judas.

— D’ici, se dit-il, je vais voir un spectacle que les Parisiens eussent payé cher.

Le digne professeur fut déçu de son espoir, la chevalière ne se mit pas même en garde… Elle partit bientôt d’un éclat de rire, inexplicable pour La Boëssière, dès qu’elle eut vu Saint-Georges debout et la lame du fleuret reposant dans la main gauche.

— Combat inégal, chevalier de Saint-Georges, reprit-elle, je ne suis point la chevalière d’Éon.

Cette voix fit tomber l’arme des mains de Saint-Georges… C’était Mme de Montesson qu’il avait devant les yeux…

Sous le manteau plissé qui recouvrait sa toilette cavalière et dont elle eut soin de se dégager, ainsi que du voile, elle était vêtue d’un fort élégant justaucorps de satin noir à petites dentelures pareil à celui que la chevalière d’Éon portait d’habitude lorsqu’elle