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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/194

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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

faisait des armes. Elle s’était assujettie au bonnet rond et à la collerette de la chevalière ; ses bras étaient nus jusqu’à la saignée, et elle portait la croix de Saint-Louis sur le côté gauche. La métamorphose, ou plutôt la mascarade était complète.

— Eh bien ! cher Saint-Georges, me trouvez-vous bien sous cet habit, et me refuserez-vous une explication ?

— Parlez, madame, parlez ; j’imagine que c’est une gageure, et que vous jouerez bientôt les Folies amoureuses sous ce costume ?

— Ce que j’ai à vous dire est sérieux. Vous avez fui, malgré nos conventions, de Sainte-Assise… Vous n’aviez point la fièvre, et la meilleure preuve, c’est que, pour l’attraper, vous avez couru le bal de l’Opéra…

— Je puis vous protester, marquise…

— Ne protestez pas, ce serait en pure perte. Quelqu’un vous a vu sortir de la maison du financier Gachard et ramener un domino lilas jusqu’au quai d’Anjou…

— Je ne m’étais pas trompé… On m’espionnait ! se dit Saint-Georges.

» Comment, reprit-il en pâlissant, cet homme en manteau dont j’ai cru voir la livrée, c’était un valet de monseigneur le duc de Chartres ?

— Non, chevalier, fort heureusement pour vous… C’était Mondorge, le fils de l’un de mes valets de pied, et mon alguazil pour ce jour-là…

— Mais cet homme aura parlé peut-être ; il me perdra, marquise auprès du duc !…