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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

celle que j’ai mise sur ma liste à la page des abominables ?

— Pas le moins du monde, monseigneur ; je parle de la cousine de Mme de Montesson ; vous la voyez, elle cause indolemment là-bas avec ce jeune homme…

— Et par la sambleu ! c’est le jeune marquis de Langey… il a obtenu aujourd’hui même un régiment de cavalerie… oui, le roi a signé : c’est une grande faveur !…

— Aussi, monseigneur, n’est-ce qu’à Mme de Montesson qu’il la doit. Il faut croire qu’elle avait à cœur de marier Mlle de La Haye… car elle a fait elle-même les démarches pour enlever d’assaut cette compagnie…

— N’importe, reprit le duc, et je crois que tu vas être de mon avis, Lauraguais ; ce provincial m’alarmerait beaucoup si j’étais M. de Langey…

— C’est-à-dire, continua Lauraguais, renchérissant sur l’idée du duc, que nous ferions bien de l’avertir, ce brave jeune homme ; entre gens mariés, on se doit ces égards-là…

— C’est une belle chose qu’un régiment, dit Genlis, et je pense toujours à M. de Puisieux, mon tuteur, qui m’a fait faire colonel à l’âge de six ans ; mais ce qui en plaît surtout aux femmes, c’est que leurs maris voyagent.

— Croirais-tu d’aventure le provincial assez hardi pour profiter d’une absence ? dit le duc. Voilà Saint-Georges, il est fort expert en ces matières. Interrogeons-le…

Ils n’en eurent pas le temps ; la toile se leva et