sous les yeux de Joseph Platon, ébloui, une robe à la tartare, bordée d’or et de fourrures, dont son tailleur lui avait fait sans doute présent, la livrée d’heiduque t’ennoblit au lieu de te dégrader. Un heiduque monte à cheval, digne Platon, et j’ai à mes ordres tous les chevaux du Palais-Royal. Tu seras fort bien sous ce costume avec ta barbe grisonnante, que je t’engage à ne pas couper pour l’effet, et que M. Bruno, mon perruquier, te laissera croître en pointe tartaresque. Sais-tu la langue tartare ? cela ne ferait pas mal.
— Vous plairait-il, monsieur le chevalier, de me dire ce que je dois faire sous cette tunique ? Vont-ils se moquer de moi à Bercy, mes anciens amis de gabelle !
— Un heiduque, Platon, est un être inviolable. Si l’on veut lui donner des coups, il a le droit de les recevoir, mais aussi celui de s’en plaindre à tous les ambassadeurs asiatiques
— C’est-à-dire que je ne fais plus partie du corps respectable des bourgeois parisiens ! Encore une fois quels sont mes devoirs ?
— Ceux d’un heiduque fidèle, d’un homme posé, qui porte des bottes jaunes et un bonnet fourré, digne de celui du roi de Mogol.
— Mais enfin ?
— Tu m’accompagneras.
— C’est tout ?
— Tu porteras mon violon et mes fleurets.
— La cuisine ?