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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/90

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LE CHEVALIER DE SAINT GEORGES.

vite à un second colloque avec une autre de ses bonnes amies.

Il convient de dire ici par quel singulier enchaînement de circonstances la liaison de Mme de Montesson et de Mme de Langey s’était formée ou rompue.

La mort subite du premier mari de la marquise de Montesson ne lui avait pas laissé le temps d’expérimenter son caractère, l’union des époux n’avait duré que vingt-quatre heures. Le lit de l’hymen était devenu pour M. de Montesson le lit de la mort. Mme de Langey (alors Mlle de Fleury), l’amie ou plutôt la compagne favorite de Mme de Montesson, à peine en âge d’être mariée, se vit brusquement entraînée, trois jours après la mort de M. de Montesson, par un de ses oncles, pour aller épouser en Bretagne M. le marquis de Langey, qui l’emmena un mois après dans les îles.

Mme de Montesson avait donc perdu à la fois son mari et son amie. Ce second coup lui fut plus sensible ; elle aimait beaucoup Mlle de Fleury, qui le lui rendait. Quand elles se trouvèrent veuves toutes deux, toutes deux enchaînées par un lien plus ou moins puissant, mais toutes deux ayant le même intérêt à ne pas le voir se rompre, au lieu de se rapprocher et de s’entendre, elles se brouillèrent mutuellement. Mme de Langey, affermée par contrat à un contrôleur général, Mme de Langey, belle encore et singulièrement suivie, se révolta de la prééminence altière des charmes de Mme de Montesson ; c’était une place qui, dans sa pensée, lui fût revenue de droit si, au lieu de se faire créole, elle fût demeurée