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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

l’animal lui imprima une forte secousse. Toussaint fut lancé au milieu d’un groupe de noirs, qui battirent des mains à sa défaite.

Le noir, honteux, se releva, grommelant entre ses dents. Il était pourtant renommé au Cap pour cet exercice ; mais, cette fois, le cheval auquel il s’attaquait ne lui était pas connu. Il cherchait encore à enlever la poussière qui couvrait sa veste à carreaux blancs et rouges, quand un coup de fouet victorieux retentit, et le noir du Cap eut le désappointement de voir le jeune mulâtre de la Rose maîtrisant chaque mouvement de l’animal et faisant décrire à la berline un tour gracieux jusqu’au perron…

Les applaudissemens de tous les noirs de l’Artibonite lui furent prodigués. Sa casaque vert-pomme, sa bonne mine et sa grâce avaient frappé tous les spectateurs… Mme de Langey, la nourrice, l’enfant, et Finette la mulâtresse montèrent dans la berline, que suivait une voiture de l’habitation Noë, dont Toussaint se vit heureux d’occuper l’arrière-train, aux cordons duquel il se suspendit d’un air piteux… Saint-Georges conduisait seul l’attelage brillant de Mme de Langey, qui sillonna bientôt de ses roues les sables du chemin qui mène à Saint-Marc.

À la suite de la berline et juché sur un cheval dont il déchirait les flancs, Joseph Platon se tenait en selle tant bien que mal, constamment préoccupé de la bataille que livrait la brise à ses lunettes vertes et à son grand chapeau de paille.

Entre les négresses de l’habitation, attroupées pour voir ce départ, Noëmi suivait de l’œil avec plus