de Mme de Langey les souleva impitoyablement.
Mme de Langey n’était point femme à se laisser duper, elle pénétra bien vite cet abîme de corruption. L’adresse de M. de Vannes le joueur qui corrigeait la fortune, la stupidité du Crésus bossu, la vénalité du conseiller et l’active méchanceté de l’intendante, tout cela fut de cristal pour elle ; la froideur même de cette première soirée l’éclaira. Il y eut chez elle une joie secrète à condamner tout d’abord cette société ; elle échappait de la sorte à tout péril de séduction ; elle était sûre de ne point succomber, tant elle lui était supérieure par la trempe de sa nature. Pour Mme de Langey, caractère habile et froid, il ne s’agissait pas d’une intrigue, mais d’une affaire ; son passe-temps n’était pas d’aimer, mais de s’arranger un amour ; or, il n’y avait là aucune composition possible. Assise à la galerie, elle observait ; mais son cœur ne battait pas.
Pour l’honneur de la colonie et des habitations voisines de celle de la Rose, il est juste aussi de déclarer que la répugnance de Mme de Langey s’attaquait plutôt à quelques êtres isolés qu’aux véritables représentans de cette partie de l’île. Comme on voit le nègre esclave s’enorgueillir quelquefois en raison du rang que son maître occupe dans le monde, ainsi se pavanaient dans les salons de Mme de Langey les agens subalternes du ministère français, fantômes épars de cette soirée. L’habitation de la Rose ayant appartenu de tout temps à M. de Boullogne, il avait paru de haute convenance à certains agitateurs en place de grossir le nombre des visiteurs chez Mme de