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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/153

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NOËMI

— La case de mon élève, dit aussitôt le gérant en se rengorgeant. Ouvrez, Noëmi ; Mme la marquise vous fait l’honneur de sa visite !

— Volontiers, reprit la marquise, bien que la promenade m’ait fatiguée…

Noëmi parut et s’inclina devant la marquise. Il n’y avait qu’elle dans la case… La négresse rangeait quelques calebasses où reposaient ses provisions.

— Et Saint-Georges ? demanda Platon avec un air visible d’autorité.

— Il est sorti, monsieur Joseph, depuis ce matin pour chasser dans les lagons avec le procureur de l’habitation de Breda, répondit Noëmi presque tremblante.

— Sans ma permission ?

— Le procureur de l’habitation de Breda lui a dit qu’il s’en chargeait.

— Noëmi, retenez ceci ! Le procureur de l’habitation de Breda ne sait pas tirer, ergo votre fils ne rapportera pas une seule pintade. Ensuite la place de votre fils est ici, et, pour tout vous dire, il ne doit chasser qu’avec moi… pour l’entretien de la table de Mme la marquise.

— Madame la marquise m’excusera, reprit Noëmi, si je ne lui offre que mon banc : je n’ai que ce coffre, cette natte et cette table. C’est assez pour une mère noire et pour un enfant mulâtre… Il fut un temps où j’eusse mieux reçu madame la marquise ; mais je ne suis plus à la Guadeloupe

— Vous avez habité la Guadeloupe ?

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