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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/154

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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

— J’y suis née.

— Sur quelle habitation ?

— Sur celle des Palmiers, appartenant à M. de Boullogne.

— Quel âge avez-vous ?

— Vingt-huit ans.

Mme de Langey recula elle crut que Noëmi voulait la tromper, et elle reprit :

— Vous dites vingt-huit ans ?

Noëmi secoua la tête… Son aspect misérable ne confirmait que trop l’état de vieillesse précoce dans lequel elle était tombée. Sa maigreur excessive épouvanta Mme de Langey.

— Vingt-huit ans !

Il semblait que la marquise n’abordât qu’en tremblant cette créature minée par la fièvre. Mme de Langey ne pouvait souffrir le spectacle de la misère ou du chagrin. La pauvreté de l’intérieur de la case répondait à son entrée : deux ou trois planches élevées sur quatre pieux fichés en terre et couvertes d’une natte y formaient le lit ; un tonneau défoncé par un bout servait à renfermer les patates et les bananes ; quelques vases à eau, et pour tout décor un assortiment d’oiseaux tués sans doute par Saint-Georges ; des fioles et des paquets d’herbes séchées. La marquise demanda à Noëmi quel rang elle occupait dans l’habitation des Palmiers.

— Aucun, madame, j’étais négresse…

— Et pauvre ?

— Pas toujours. Oh ! j’ai eu de l’or à moi…

— Et comment cet or ?…