le noir et moi, à voir sortir du tronc du mapou la tête de la couleuvre… L’homme, dont nous ne pouvions distinguer les traits, tira bientôt une gourde, passée au travers de sa ceinture, il la déboucha et versa du lait dans un coco, puis il le présenta à la couleuvre. Elle le but et se retira. Je voulus courir vers cet homme, car je ne craignais rien, armé ainsi que je l’étais de mon épée de maître d’hôtel, mais il avait fui et s’était perdu comme l’éclair, sous l’ombre des campêches les plus noirs…
— Et cet homme, le connait-on ?
— Pas que je sache, repartit Finette. Le noir a dit seulement à M. Printemps qu’il apportait depuis quelques jours à la couleuvre de quoi se nourrir en viande, poisson, lait, calalou d’herbages et autres provisions que les nègres, ses camarades, se gardaient bien de faire disparaître. En effet, madame la marquise, poursuivit Finette, d’un air profondément, pénétré de ce qu’elle disait, cette couleuvre pourrait bien être un fétiche !
— Enfant ! reprit sa maîtresse en agitant elle-même avec une sorte de violence convulsive la main de Finette, qui ne songeait plus à l’éventer.
La mulâtresse était devenue, en effet, toute rêveuse.
— Et il n’y a pas de nom gravé sur l’écorce de ce mapou ?
— Aucun que je sache, madame… du moins M. Printemps ne nous l’a pas dit… Vous savez que cet arbre est assez commun ici…
Un beau rayon de soleil pourpré, comme le sont