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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/232

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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

fortune se lassait de me poursuivre. Mes opérations ne tardèrent pas à se voir couronnées d’un plein succès ; je rétablis même si bien, au bout de six mois, les affaires de ma compagnie qu’elle me rappela, et j’allais mettre à la voile quand je me vis arrêté par un ordre du gouverneur, jeté dans un cachot, sans qu’il me fût permis seulement d’invoquer sur ce sol la justice de mon pays ! L’Envie seule avait ourdi cette trame, l’Envie, qui suit toujours la Fortune et se cramponne au manteau de ses favoris. On calomniait mes spéculations, on leur assignait une source impure… Ma vie mystérieuse, intérieure, ma vie ; que votre seul amour remplissait, était devenue le texte de mille mensonges ; les haines et les rivalités de toute sorte se liguèrent pour m’assiéger. Un misérable esclave mexicain s’était défait de son maître, un riche Espagnol, par le poison ; on m’imputa ce crime, parce que j’avais eu quelques relations d’intérêts avec la victime. Les biens que j’avais amassés enflammaient une multitude d’esprits cupides, leur confiscation flatta mes juges, qui, s’armant de l’impunité que leur assurait l’inquisition, me condamnèrent à pourrir sept ans dans la tour de Santa-Maria. Quand j’appris cet ordre, j’avais le pied sur le vaisseau qui devait me ramener à Saint-Domingue, d’où je serais parti pour vous retrouver, parti pour vous revoir, ne plus vous quitter peut-être !

« Sept ans dans les cachots, Caroline, sept ans dans cette tour qui, comme un rideau funeste, était venue me cacher le jour et la vie ! Sept ans sans amis, sans espérance ! moi, un noble, moi qui m’étais en