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AVANT-PROPOS.

Saint-Georges, sa grâce, son éclat, ce serait nier la popularité de son nom.

Ce n’est qu’en parcourant la seconde partie de ce livre, — partie qui comprend sa vie parisienne et dénoue le drame dont les premières cordes ont vibré à Saint-Domingue, — que vous pourrez, cher Duc, vous expliquer l’introduction plus que singulière de ce mulâtre au sein de la société française.

En ce temps, plus que dans le nôtre, vous le savez, l’adresse et les exercices du corps suffisaient pour faire arriver un homme et le conduire par la main à la fortune.

Il y a une chose entièrement perdue de nos jours, c’est l’Académie.

Elle existe tout au plus, à l’heure qu’il est, dans un volume de l’Encyclopédie et des traités in-quarto avec figures qui ornent les quais.

L’Académie du temps de nos pères était cependant une belle chose !

    plus forte raison pour un corps privilégié comme celui des mousquetaires.

    On trouve avec étonnement dans cette même Biographie universelle que Saint-Georges aurait été nommé capitaine des gardes de M. le duc de Chartres (autrement dit de Philippe-Égalité). Il faut en vérité n’avoir aucune idée de cette époque-là pour avancer une supposition pareille, attendu que pour être capitaine des gardes d’un prince du sang, on devait avoir fait des preuves de noblesse à dater de l’année 1399, suivant les statuts ; avoir été présenté à Versailles et avoir obtenu l’agrément du roi pour exercer cet emploi près d’un prince du sang royal. C’est capitaine des chasses que la Biographie devait dire. Saint-Georges dut en effet cette place à Mme  de Montesson.