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Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/27

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AVANT-PROPOS.

Non-seulement les gens curieux de l’art de plaire, les sectateurs de la mode, les élégans, les oisifs faisaient leurs académies, mais elles étaient encore exigées du jeune homme qui devait se marier ; c’était une garantie pour son avenir. L’art de la natation, de l’équitation, de la danse, du tir à l’épée, au pistolet, au bâton, entrait alors dans l’éducation des gentilshommes ; nous ne parlons pas des maîtres d’agrément, maîtres de cor, de clavecin, de flûte ; maîtres de patin, maîtres de bon ton ! Les exercices donnaient du relief au maintien ; par eux la vigueur devenait bientôt de la grâce ; on pouvait être dispensé d’être un poëte, un savant, mais on devait être un cavalier accompli.

Aussi que de réputations élégantes a comptées le dix-huitième siècle ! Que d’hommes à la mode, jolis, agréables, courus, admirés pour leur visage, pour leur tournure, pour l’esprit de leur toilette ! Tous leurs mouvemens, assouplis d’avance, n’offraient rien de raide et d’empesé ; l’influence britannique ne s’était pas encore fait sentir dans la coupe altérée de leur habit ; ils portaient les dentelles et la veste brodée le plus galamment du monde. À leur seule manière de prendre le tabac dans une boîte de chez Ravechel[1], vous reconnaissiez bien vite le brillant seigneur, le héros des dernières courses, l’homme des cercles, des soupers. En dépit des philosophes, qui auraient voulu la voir

  1. Illustre parfumeur du temps de Louis XV et le rival de Jolliffret.