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UN FILS DE BONNE MAISON.

cepteurs de Maurice, c’était que l’étude, et particulièrement les exercices du corps, n’altérassent point sa santé. Cette santé, Mme de Langey avait dans son esprit le droit de la faire passer avant toutes choses ; n’était-ce pas en effet sur l’existence de ce fils que tout l’échafaudage de sa fortune reposait ? Ce fils tant choyé, n’en devait-elle pas compte à M. de Boullogne, et cette pensée ne devait-elle pas dominer son système d’éducation ?

L’indolence maternelle des créoles est chose connue, celle de la marquise s’expliquait, du reste, naturellement par la multitude indigeste de professeurs donnés à Maurice. L’emploi de ces honorables commensaux de Mme de Langey avait été simplifié par eux au point de n’imposer à Maurice qu’une heure de leçons par jour ; ils passaient le reste du temps à la pêche ou à la chasse, plusieurs s’oubliaient même dans la compagnie des mulâtresses. Ils ne se faisaient faute de donner du marquis tout le temps à travers le nez de Maurice, qui en revanche les traitait comme de véritables nègres. C’était pour l’enfant des machines animées sur lesquelles il piétinait, il en tirait des sons distincts appropriés à ses caprices. Ses colères impérieuses plaisaient à Mme de Langey, parce qu’elles lui semblaient annoncer de l’énergie ; mais comme il n’avait qu’à vouloir pour obtenir, il ne tardait pas à retomber dans son insouciance et son état de langueur habituelle. En réalité, Saint-Georges était devenu peu à peu son maître véritable, il l’excitait ou il l’apaisait à son gré.

Rarement entre eux un dissentiment, une que-