Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges V1, 1840.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
LE PORTEFEUILLE

— À moi cet enfant, s’écria l’Espagnol en étendant l’un des chevaux à terre d’un coup de fusil. Me reconnaissez-vous, marquise de Langey ! c’est mon tour !

Elle fut terrifiée… Tio-Blas, l’œil enflammé de rage, la narine dilatée comme celle d’un tigre, flairait cette proie, qu’il était sûr de saisir…

— Et je n’ai pas d’armes ! s’écria M. de Rohan, pas d’armes !

Tio-Blas allait arracher Maurice d’entre les bras étroitement serrés de la marquise quand il se sentit lui-même frappé d’un coup violent qui le fit tomber à la renverse. C’était Saint-Georges qui s’était élancé sur lui ; dégagé des bras terribles de l’Espagnol, Maurice alla retomber sur les genoux de Finette… Le mulâtre n’eut que le temps de se tapir alors le ventre contre terre, car au lieu de se voir attirés dans les bayaondes, où ils eussent péri infailliblement, les dragons, qui avaient repris le dessus, s’annonçaient à trois pas de lui par une sanglante fusillade. Abrité sous des flocons de quelques plantes touffues, Saint-Georges leur échappa, plus heureux que Tio-Blas, qu’on relevait alors par les ordres de M. de Rohan. Mme de Langey demeurait évanouie dans le fond de sa berline… Criblée par les balles, la troupe de Tio-Blas avait fui dans les ravins ; les liens dont il se trouva garrotté réveillèrent alors l’Espagnol.

Demonio ! cria-t-il en grinçant des dents et en se voyant attaché au derrière de la berline

— Qu’il soit conduit aux prisons de Saint-Marc et que le prévôt des maréchaussées royales soit averti !