bailli de l’ordre de Malte n’est admonesté par personne.
— La nuit vient, ma mère, et ces vilains rochers ne me permettent plus de rien voir, dit Maurice en remettant à M. de Rohan sa lorgnette d’approche enrichie de pierreries.
— Et le frais des bords du Cabeuil est dangereux pour vous, madame la marquise, ajouta sa mulâtresse.
— Nos postillons n’ont-ils pas des torches ? reprit M. de Rohan, à qui ce site et cette promenade plaisaient.
Il allait se lever pour donner des ordres quand une masse compacte parut se mouvoir sous la lisière du bois ; elle était à peine reconnaissable, en raison de l’ombre étendue sur la savane comme un réseau noir.
— Respect à la berline, mort aux dragons ! s’écria soudain la voix d’un homme lancé au triple galop de son cheval et suivi à quelque distance de vingt noirs…
Les dragons répondirent par une vive décharge.
— Attirez-les parmi les bayaondes de la Montagne-Noire, continua la voix planant sur cette troupe comme un drapeau.
Les dragons de M. de Rohan, surpris de la risposte nourrie de ces agresseurs, s’étaient déjà débandés à travers la plaine.
— Les lâches ! les misérables ! criait le prince, emporté lui-même à tour de roue par ses postillons. Il avait jeté son manteau sur Mme de Langey et Maurice éperdus de crainte.