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Page:Rohan - Les Lucioles, Calmann-Lévy.djvu/24

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PLACE AUX VIVANTS!

Orphelins étonnés et veuves en détresse,
Et prêtres en surplis s’avançaient sous mes yeux ;
Les petits d’un asile enterraient leur maîtresse,
Et tous, en leur douleur, allaient silencieux.

Je songeais aux passés inconnus de ces choses,
À l’absurde trépas ! « Mon Dieu l’on dure peu ! »
Disais-je, en regardant un buste aux lèvres closes.
Devant lequel rêvait un hortensia bleu.

D’un nid de moineaux morts oublié sur la plante
Un oiseau nouveau-né, vif, alerte et peureux,
Voleta sur la mousse et la feuille d’acanthe
Et semblait dire à tous : je vis, je suis heureux.

II alla se percher sur la tombe voisine ;
Près de lui j’aperçus deux jeunes amoureux ;
Ils venaient déposer au pied de la colline
Un bouquet sur le corps d’un ami malheureux.