Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/118

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bien en parlant peu quand j’étais fâchée, qu’en prenant patience.

Célestine. Madame, je vous ai soufferte avec crainte, parce que vous vous fâchiez avec raison. La colère est comme la foudre et ne dure pas davantage ; c’est pour cela que j’ai courbé la tête devant vos cruelles paroles, jusqu’à ce que la provision en fût épuisée.

Mélibée. Ce cavalier te doit être bien reconnaissant.

Célestine. Madame, il mérite plus encore ; et si j’ai obtenu quelque chose pour lui par mes prières, je le rends malheureux par mon retard. Je vais vers lui, si vous le permettez.

Mélibée. Si tu me l’avais demandé plus tôt, tu l’aurais obtenu plus facilement. Va, avec Dieu ! ton message ne m’a apporté aucun profit, ton départ ne peut me causer aucun tort.




ACTE CINQUIÈME


Argument : Célestine, après avoir quitté Mélibée, s’en retourne en parlant seule entre ses dents. Arrivée chez elle, elle y trouve Sempronio, qui l’attendait. Tous deux s’en vont en causant jusqu’à la maison de Calixte ; Parmeno les aperçoit, en avertit son maître, qui lui ordonne de leur ouvrir la porte.


CÉLESTINE, SEMPRONIO, PARMENO, CALIXTE.

Célestine. Ô cruelle Inquiétude ! ô sage audace ! ô merveilleuse patience ! combien j’étais près de la mort si mon adresse extrême n’avait prudemment dirigé ma demande ! Ô menaces de la vertueuse damoiselle ! ô jeune fille colère ! ô démon que j’ai conjuré ! comme tu m’as bien tenu parole pour tout