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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/131

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Ascagne pour séduire la reine, elle te choisirait pour médiatrice et serait certaine de réussir plus tôt. En vérité, je t’abandonnerais ma vie en toute confiance, et si mes désirs n’avaient pas eu un bon résultat, je reconnaîtrais cependant que tu as fait tout ce qu’il a été humainement possible de faire. Que vous en semble, amis ? Que pourrait-on imaginer de mieux ? Y a-t-il au monde une femme comme celle-là ?

Célestine. Seigneur, ne m’interrogez pas, laissez-moi, car la nuit avance. Vous savez que quiconque fait mal a horreur de la clarté, et, en rejoignant ma maison, je pourrais faire quelque mauvaise rencontre.

Calixte. Quoi donc ? Il y a ici des pages et des flambeaux pour t’accompagner.

Parmeno, en bas.. Sans doute de peur qu’on ne fasse violence à la pauvre petite. Tu iras avec elle, Sempronio, elle a peur des grillons qui chantent la nuit.

Calixte. Dis-tu quelque chose, bien-aimé Parmeno ?

Parmeno. Je dis, seigneur, qu’il sera bon que Sempronio et moi l’accompagnions jusque chez elle, car il fait très-obscur.

Calixte. Tu dis vrai, qu’il en soit ainsi. Continue ton récit, mère, et dis-moi ce qui arriva ensuite. Que répondit-elle à la demande que tu lui fis de cette prière ?

Célestine. Qu’elle la donnerait volontiers.

Calixte. Volontiers ! Grand Dieu ! quel don précieux !

Célestine. Je lui demandai autre chose.

Calixte. Quoi, bonne mère ?

Célestine. Un cordon qu’elle porte sans cesse autour d’elle ; je lui dis qu’il guérirait votre mal parce qu’il avait touché beaucoup de reliques.

Calixte. Eh bien ! que dit-elle ?