Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/16

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recherches des biographes se portèrent vers une époque moins reculée et s’arrêtèrent sur Rodrigo Cota, surnommé el Tio (l’oncle), poëte tolédain, auteur d’un charmant dialogue entre l’Amour et un vieillard, et d’un dialogue pastoral entre Mingo Revulgo et Gil Arribato. Cette dernière œuvre, en effet, satire piquante des mœurs de l’époque, se rapprochait beaucoup, par le genre, de la première partie de la Célestine. Le savant Nicolas Antonio, don Antonio de Guevara, évêque de Mondoñedo, don Thomas Tamayo de Vargas, se rangèrent à cette opinion ; mais aucun d’entre eux ne sut expliquer comment une œuvre si heureusement commencée avait pu rester interrompue.

Cependant un continuateur survint. Séduit par les brillantes qualités de cet écrit, par le mérite nouveau du style, par cet heureux ensemble de « délectables sources de philosophie », il résolut d’achever ce qu’un autre avait commencé. « C’était, dit-il dans sa Lettre à un ami, une entreprise fort différente de ses études habituelles, fort étrangère à sa profession ; il était juriste, ses fonctions étaient incompatibles avec un travail de cette nature ; néanmoins il y consacra quinze jours de vacances judiciaires et plus de temps encore. »

La première édition, ceci me paraît désormais avéré, fut publiée en 1499, à Burgos, par Fadrique Aleman, l’un des premiers, peut-être même le premier par qui l’imprimerie fut introduite en Espagne. Imprimée en caractères très-nets, sur un papier dont la teinte est peu altérée, elle est terminée par un fleuron gravé, formant écusson et portant les initiales gothiques F. A., la devise Nihil sine causa et le mot Basilea (Bâle), lieu d’origine