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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/163

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fait réserver pour aujourd’hui, je lui dirai qu’elles sentaient, tu diras comme moi. Nous nous arrangerons de telle manière que ce qu’il en mangera ne le rendra pas malade. Notre repas sera fort bien ordonné. Là-bas, nous causerons plus longuement avec la vieille de notre profit et de ses amours.

Sempronio. De ses douleurs plutôt, car en vérité je crois qu’il ne s’en tirera cette fois que mort ou fou. Tout est convenu, viens donc, montons voir ce qu’il fait.


Calixte.

Hélas ! mon bonheur n’est plus,
L’heure de ma mort approche.
Ce que le désir demande,
L’espérance le refuse.

Parmeno. Écoute, écoute, Sempronio, notre maître improvise.

Sempronio. Quel fou et quel troubadour ! le voilà qui veut rivaliser avec le grand Antipater Sidonius et avec le célèbre poëte Ovide, auxquels les pensées venaient à la bouche toutes rimées.

Parmeno. En vérité, il fait comme eux, le diable l’inspire, il extra vague entre deux rêves.

Calixte.

Mon cœur, hélas ! il est bien juste
Que tu souffres et sois malheureux,
Puisque tu t’es laissé séduire
Par les charmes de Mélibée.

Parmeno. Ne t’ai-je pas dit qu’il improvisait !

Calixte. Qui parle dans la salle ? Holà !

Parmeno. Seigneur ?

Calixte. La nuit est-elle bien avancée ? Est-il l’heure de me coucher ?

Parmeno. Seigneur, il serait plutôt tard pour vous lever.