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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/197

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anges savent faire le mal. Mélibée est un ange déguisé qui vit parmi nous.

Sempronio, à part. Tu reviens à tes hérésies ? (Haut.) Écoute-le, Parmeno, ne t’inquiète de rien ; s’il est pris, il le payera double ; nous autres, nous avons de bons pieds.

Célestine. Seigneur, vous seul raisonnez sagement ; vous, mes enfants, vous vous laissez aller à de vains soupçons. J’ai fait tout ce qui dépendait de moi, je vous laisse joyeux ; Dieu vous aide et vous guide ! je pars fort contente. Si je vous suis nécessaire pour cela ou pour autre chose, je suis toute prête à vous servir.

Parmeno, à part. Hi, hi, hi !

Sempronio.. De quoi ris-tu, sur ta vie ?

Parmeno. De l’empressement de la vieille à s’en al1er ; elle ne voit pas venir assez tôt le moment d’emporter la chaîne ; elle ne peut croire encore qu’elle lui appartienne ni qu’on la lui ait réellement donnée ; elle ne se trouve pas plus digne d’un tel don que Calixte ne croit l’être de Mélibée.

Sempronio. Que veux-tu que fasse autrement cette vieille drôlesse, cette indigne maquerelle, qui sait et devine tout ce que nous pensons, et refait sept virginités pour deux écus ? Elle se voit chargée d’or et se hâte de se mettre en sûreté avec son butin, dans la crainte qu’on ne le lui reprenne. Elle a fait maintenant tout ce qu’on voulait d’elle. Mais qu’elle prenne garde au diable, et qu’elle fasse de telle sorte qu’au moment du partage nous ne lui arrachions pas l’âme.

Calixte. Dieu t’accompagne, mère ! je veux dormir et me reposer un instant pour satisfaire aux nuits passées, et m’acquitter d’avance avec celle qui vient.


Célestine. Tac, tac, tac.

Élicie. Qui frappe ?