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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/40

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LA CÉLESTINE
TRAGI-COMÉDIE DE CALIXTE ET MÉLIBÉE,
CONTENANT, OUTRE UN STYLE AGRÉABLE ET FACILE,
UNE GRANDE QUANTITÉ DE SENTENCES PHILOSOPHIQUES
ET DE CONSEILS FORT NÉCESSAIRES AUX JEUNES GENS.
AYANT POUR BUT DE LEUR FAIRE CONNAÎTRE
TOUT CE QU’IL Y A DE RUSE ET DE FAUSSETÉ
CHEZ LES SERVITEURS ET LES ENTREMETTEUSES1.


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L’AUTEUR À UN DE SES AMIS.


L’Homme qui fait un long voyage a coutume de rechercher quelle chose peut être le plus nécessaire au pays qu’il a quitté, afin d’être utile par ce moyen à ceux de ses compatriotes dont il a reçu quelque service. Les nombreuses bontés que vous avez eues pour moi me faisaient une obligation de semblable étude, et maintes fois retiré dans ma chambre, la tête appuyée sur ma main, laissant aller mes pensées à l’aventure et mes réflexions au hasard, il me venait à l’esprit que l’œuvre présente serait utile non-seulement à notre commune patrie et à la multitude de galants et de jeunes amoureux qu’elle renferme, mais encore à vous-même, dont je me souviens d’avoir vu la jeunesse cruellement tourmentée par l’amour et privée d’armes défensives pour le combattre. Ces armes, je les découvris au milieu de ces pages2, non fabriquées dans les immenses ateliers de Milan, mais créées par les nobles esprits de quelques Castillans d’un haut mérite. Je remarquai leur beauté, leur souplesse, leur trempe forte et brillante, leur travail, leur style élégant, qu’on n’avait jamais vu ni entendu dans notre langue castillane.

Je lus trois ou quatre fois cet écrit, et plus je le