tellement fascinée par sa puissance, que plus ses yeux le verront, plus son cœur soit disposé à se rendre à ma demande. Pénètre-la du violent amour que ressent Calixte, de telle sorte que, dépouillant toute pudeur, elle s’abandonne à moi et me récompense de mes peines et de mes démarches. Cela fait, parle, ordonne, et je t’obéirai. Si tu ne te rends promptement à ma demande, je me déclarerai ton ennemie mortelle, je frapperai de lumière tes prisons tristes et obscures, je proclamerai hautement tes continuels mensonges, je poursuivrai partout ton horrible nom ; une fois encore je t’adjure et te conjure. J’ai confiance en mon immense pouvoir ; je pars avec ce fil, persuadée que je te porte avec lui.
ACTE QUATRIÈME
Célestine. Maintenant que je suis seule, je veux penser longuement à ce que Sempronio craignait de ma démarche : les choses qu’on n’examine pas suffisamment, bien qu’elles arrivent quelquefois à bonne fin, ont plus souvent de mauvais résultats ; c’est ainsi que le succès manque rarement à une spéculation bien dirigée. Je n’en ai pas parlé à Sempronio, mais il se pourrait bien que si on connaissait le but de ma visite à Mélibée, on me la fît payer d’une peine qui ne me coûterait pas moins que la vie, et si on voulait bien ne pas me tuer, on ne me ferait toujours pas grâce de