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maintenant pour l’Assemblée ce que sont les vésicatoires pour un corps mort. Chasset disait à notre ami qu’il n’avait jamais craint qu’à présent ; le tiers du côté patriote, les faux patriotes de 89 sont plus dangereux aujourd’hui que les aristocrates. Il croit que septembre ne se passera pas sans crises violentes.

Je vous envoie ci-joint quelques lettres, c’est plus court, pour que vous jugiez de ce qu’elles inspirent, que de vous le dire. — Les frères Richard[1], commissionnaires, rue des Fripiers, quartier Saint-Nizier, à Lyon, sont d’excellents patriotes, qui ont de la tenue et sur qui vous pouvez compter. Je crois que votre Société devrait y établir correspondance.

Il y a des divisions au Puy entre les citoyens. Il en est un grand nombre qui sont, je crois, patriotes et qui ne se soulèvent que contre le gouvernement de quelques hommes durs qui se sont élevés par la faveur de la classe aigrie par la misère. — Je crois qu’il serait digne de votre Société de prêcher autour d’elle l’union et la paix. Je crois que les Sociétés de nos départements devraient se visiter pour resserrer les nœuds de la fraternité, etc. Nous devions, aux Jacobins, dans le Comité de correspondance[2], délibérer sur la proposition des courriers extraordinaires entre les Sociétés, en cas de nouveaux malheurs ; Petion et d’autres qui devaient y venir pour cela ne s’y sont pas trouvés. — Cette mesure me paraît bien difficile avec aussi peu de tenue qu’on a montré.

Voilà donc notre acquisition manquée ; nous sommes toujours dans les mêmes intentions de réaliser d’une manière ou d’autre, et nous vous laissons maître du tout.

Compte de M. Roland, de 40 à 60 M.[3].

De moi, de 20 à 30, — et puis voyez ce que vous pourrez fournir. — Quelque chose de bâti serait plus agréable, plus utile même, car, si nous avons la paix, je pourrais y faire la médecine, pour cela je demande de l’eau et bon air.

Ainsi voyez ce qui se présente de convenable dans les biens nationaux ou autres, en ayant égard pour ceux-ci à toutes les autres conditions qu’ils donnent. Je vous réitère ce que je vous ai dit dans ma dernière pour me retrouver une caisse qu’un mauvais génie, je crois, me retient ; — mon frère se désole de ne pas la recevoir.

Je[4] prends la plume à mon tour pour vous transmettre les observations de notre ami sur l’objet des acquisitions.

Premièrement, l’état des choses et la manière dont nous l’envisageons nous font croire prudent et nécessaire de placer nos fonds ; en second lieu, nos circonstances particulières nous rendent ce placement très instant, puisque,

  1. Il y a, au ms. 9534, fol. 258-261, deux longues lettres des frères Richard à Lanthenas, du 22 et du 25 août 1791. Nous retrouvons ce nom parmi ceux des membres de la Commission populaire qui dirigea l’insurrection de Lyon en 1793.
  2. Lanthenas était membre du Comité de correspondance des Jacobins dès juillet 1791 (Aulard, t. III, p. 24) ; il venait, en outre, d’être nommé secrétaire, le 29 août avec le duc d’Orléans et Collot-d’Herbois. (Ibid, 106.)
  3. C’est-à-dire de 40,000 à 60,000 livres.
  4. Ici commence Madame Roland.