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[À BOSC, À PARIS[1].]
17 juin [1784, — d’Amiens].

J’ai reçu hier votre touchante et mélancolique épître, sans pouvoir y répondre aussitôt. Mon beau-frère[2] venait de passer avec deux compagnons qui n’ont pu retarder davantage leur voyage à Londres, où nous le verrons peut-être encore. Mon bon ami partait lui-même avec son successeur, pour une partie de la tournée du département. Je suis demeurée au logis avec le bachelier[3] et tout le tracas d’une lessive, grande affaire de ménage à la province. Je ne pensais pas que l’ami vous eût laissé dans la moindre incertitude sur la destination des exemplaires ; il y en a un complet de tous ses ouvrages pour l’Académie ; un des Lettres seulement pour le comte de Saluces ; un troisième, je crois, de ces mêmes Lettres pour M. Lamanon[4]. J’ai cherché, demandé, fort inutilement jusqu’à présent, s’il y avait quelque poisson rare dans nos rivières et fossés ; les gens de ce pays n’ont à cet égard que la science de leur cuisinier ; et, malgré ce que je me propose de rechercher encore, je n’espère rien fournir pour l’ichtyologie de votre ami : il voudra bien ne pas mesurer ses lettres sur les renseignements que nous lui fournirons. Ce peintre et sa maîtresse qui

  1. Bosc, IV, 64 ; Dauban II, 503. — M. Dauban a mis 27 juin : faute d’impression, car Bosc a mis 17 ; d’ailleurs, si cette lettre était du 27, elle serait venue, dans l’édition de Bosc, après la suivante.
  2. Un des deux bénédiction, — nous ne savons lequel.
  3. Lanthenas, qui n’était pas encore docteur.
  4. Le chevalier Robert-Paul de Lamanon, né en 1752 à Salon, en Provence, naturaliste, correspondant de l’Académie des sciences, membre de l’Académie de Turin ; très lié avec Bosc. Il s’embarqua avec La Pérouse et périt avant lui, le 10 décembre 1787. — Voir Mémoires secrets, 30 octobre 1785, où on l’appelle Linsanon.

    Nous avons pu lire, dans la collection Étienne Charavay, une jolie lettre du chevalier de Lamanon à Bosc, écrite le 28 septembre 1784, de Mont-Dauphin, au cours d’une excursion dans les Alpes ; on y voit que Faujas de Saint-Fond était leur ami commun.

    Le chevalier de Lamanon avait un frère, Auguste-Paul de Lamanon, quelque peu naturaliste lui aussi, et également lié avec bosc. M. Beljame a neuf lettres de lui à Bosc, de 1786 et 1787.

    C’est sans doute ce frèren ou un parent, que le « citoyen Paul Lamanon » qui, en août 1793, s’offrait « pour diriger les aérostats contre les ennemis de la République » (J. Guillaume, II, 281-284).