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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/543

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font parler tout te monde des plaisirs qu’ils ont goûtés, ce marquis d’Arlandes qui publie aussi tout haut ses prétentions et ses regrets, ce tas de gens qui ont besoin de faire dire qu’ils sont heureux pour croire l’être, me paraissent bien indignes de l’amour et bien éloigés d’en savourer les plaisirs : grand bien leur fasse ! Je n’envie ni n’estime leur mode !

Mais dites-moi donc, mon ami, où est votre raison, où est votre philosophie ? Quoi ! vous voyez tant en noir une situation où votre chère sœur peut trouver tant de moyens de valoir plus encore ! Si elle jouit du revenu que vous espériez pouvoir lui conserver, elle ne perd pas l’espérance de trouver un parti convenable, et elle peut l’attendre agréablement. Je vous avoue que le nom ignara mali me fait au contraire, envisager cette situation avec des avantages. C’est sur ce ton que j’en parlerai à la chère petite sœur, maintenant que le trouble des premiers instants doit être un peu dissipé. Mais, hélas ! le sentiment de ses propres pertes est un mat qu’un tiers ne peut jamais apprécier, et ce n’est pas toujours par sa nature que la douleur doit se compter ! Ressouvenez-vous, mes bons amis, de ceux qui vous chérissent, qui prennent part à tout ce que vous éprouvez, qui voudraient l’adoucir et qui vous portent dans leur sein.

Adieu ; je vous quitte pur suivre ici les petites occupions qui me commandent, et je vous embrasse de tout mon cœur.

Le frère vous dit mille choses affectueuses ; vous verrez la destination du paquet ci-joint, et vous voudrez bien la lui faire suivre ; adieu encore, sans vous quitter d’esprit et de cœur.


152

[À… À…[1].]
22 juin 1784, — d’Amiens.

Elle annonce que son mari vient d’être nommé à l’inspection de Lyon, ce qui le détourne du projet qu’il avait de prendre sa retraite. — (Texte du catalogue.)


« Ses courses sur la côte du Calaisis me fournissent l’occasion de passer à Londres, et je compte visiter cette capitale d’un pays où l’on respire encore un air de liberté. »


Ph. de la Platière.
  1. L.a.s., 3 p. 1/4 in-4o, no 344 de la coll. Alfred Sensier ; vente des 11-13 février 1878, Ét. Charavay, expert.

    Nous inclinerions à croire que la lettre est adressée à Albert Gosse. — Cf. lettre de 2 janvier 1785.