Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/911

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vite et tôt, dénonciation dans tous les papiers publics quelconques pour déconcerter l’infernale cabale, s’il est possible.

Je tiens, du bon coin : 1° qu’il y a déjà coalition faite et connue des commissaires du Roi pour la formation des Assemblées#1 dans les quatre-vingt-trois départements ; 2° arrangement fait pour éloigner des Assemblées primaires la plus grande partie du peuple, en n’admettant que ceux qui auront payé leur imposition de 1789, et en exigeant, pour être électif, qu’avec cette imposition soit encore payé le quart du revenu ; 3° enfin, qu’il y a, dans cette ville, des dispositions préliminaires, pour faire porter des ennemis ardents de la Révolution dans le département.

D’après ces dispositions, on aurait :

Pour procureur syndic : le baron de Juis homme d’un caractère violent, de mauvaises mœurs ; riche parvenu, insolent au suprême degré ; hautement aristocrate ; avec quelque esprit, des principes exécrables, peu de jugement et point de talents (ci-devant procureur du Roi de la cour des Monnaies).

Pour agents ecclésiastiques : l’abbé de la Chapelle#3 (actuellement commissaire du Roi), le Maury de Lyon ; cette expression dit tout, et elle ne dit pas trop, quoiqu’il y ait quelque infériorité dans les moyens.[1]Jean-Marie de Lafont de Juis, procureur du Roi honoraire au bureau des finances de Lyon, membre du bureau général de la Société d’agriculture, administrateur de l’école gratuite de dessin (Alm. de Lyon, de 1789, p. 139, 219, 228), possesseur du bel hôtel de la rue de l’Arsenal dont nour avons parlé (lettre 286). Roland était son collègue à la Société d’agriculture et au bureau de l’École de dessin.</ref>[2]

  1. Des collèges électoraux qui devaient, à raison de 1 électeur par 100 citoyens actifs, nommer les autorités départementales, à savoir : le conseil général et le procureur général syndic. Dans le département de Rhône-et-Loire, les assemblées primaires de canton, chargées de désigner les électeurs, se réunirent le 20 mai. L’assemblée des électeurs se tint à Lyon du 7 au 15 juin (Wahl, 168-169).
  2. Jean-Philibert de La Chapelle, chanoine et baron de Saint-Just, demeure rue du Plat, avait été un des représentants du clergé à l’Assemblée provinciale instituée en 1787 et membre de la Commission intermédiaire. En cette qualité, puis comme électeur de Lyon en 1789, il avait adhéré aux débuts de la Révolution. Mais, dès 1790, il s’était prononcé pour la résistance. — Voir Alm. de Lyon de 1789, p. 20, 305, 312, et Wahl, p. 32, 101, 318.