tution. Ce qui me parait indubitable, c’est que nous approchons d’une crise qui pourrait être fâcheuse, et que ce sera tant pis pour nous si nous n’en avons pas. Je sais que de bons citoyens, comme j’en vois tous les jours, considèrent l’avenir avec un œil tranquille, et, malgré tout ce que je leur entends dire, je me convaincs plus que jamais qu’ils s’abusent. Nous sommes dans un état de malaise et de langueur dont nous ne pouvons sortir que par un accès, ou par la durée duquel nous retomberons dans le sommeil de l’esclavage. Le désordre des finances a amené notre Révolution ; ce désordre existe toujours, sans mesures efficaces pour l’arrêter. Voilà le foyer du mal secret qui nous ronge et qui finira par nous dévorer. Je n’ai entendu aucun raisonnement, je ne conçois aucun calcul qui détruise ce fait-là.
Grand nombre des députés me paraît pencher pur la rénovation du corps électoral ; d’autre part, les ambitieux veulent faire décréter la rééligibilité, du moins d’une partie des membres. On vient de prendre une mesure pour accélérer les opérations préliminaires à la nomination de la nouvelle législature, et il paraît qu’elle ne doit pas tarder plus de deux mois.
L’affaire particulière qui nous amenait ici n’a pas pris une bonne tournure. Lyon doit trente-cinq millions, dont deux d’arrérages actuellement exigibles ; elle n’a aucun moyen de satisfaire à ses engagements. Confondant ses intérêts avec ceux des autres villes et envisageant les choses de la manière la plus générale, la seule qui puisse convenir à l’unité d’un bon gouvernement, elle sollicitait l’admission du principe que les dettes des villes, de même que celles des pays d’État, doivent être déclarées nationales. Il n’y avait que ce moyen de conserver l’ensemble et l’égalité, sans lesquels l’administration sera toujours videuse et oppressive.
C’est ainsi que notre ami avait présenté les objets, et il a trouvé de son avis tous les hommes qui ont de l’étendue dans leurs vues. Contrarié dans sa marche par une foule de gens timides et bornés, combattu par les petits moyens d’un comité qui avait imaginé un impôt municipal, tous ses efforts n’ont pu empêcher un détestable décret qui a été rendu le 29 mars dernier et qui ordonne, provisoirement et pour trois mois, des sols additionnels par émargement de rôle, pour chacune des villes, en proportion de leurs charges particulières.
Imaginez que, si l’on tentait à Lyon l’exécution de ce décret, on y causerait une insurrection, parce que les charges y sont déjà si considérables, et les dettes en concurrence desquelles il faudrait les accroître sont si prodigieuses, qu’il en résulterait un impôt intolérable ; d’où la diminution de valeur des im-