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Copie de la lettre écrite à mm. les députés de lyon à l’assemblée nationale, en leur envoyant la copie ci-jointe de celle adressée au président de ladite assemblée, de paris, le 9 juin 1791[1].

Messieurs,

Je crois satisfaire particulièrement à l’obligation que m’impose ma mission et aux égards que méritent l’intérêt que vous attachez aux affaires de Lyon, ainsi que les moyens que vous avez d’en favoriser le succès, en vous faisant part de toutes mes démarches relatives à cette mission.

Vous savez mieux que personne combien son objet m’occupe depuis près de quatre mois que je suis dans cette capitale ; j’ai conféré avec vous sur les démarches à faire ; je n’ai négligé aucune de celles qui vous ont paru nécessaires ; j’ai été au-devant de toutes celles qui me semblaient pouvoir être utiles ; et il faut être, sans doute, au milieu du tourbillon où vous vous trouvez vous-mêmes, pour concevoir comment, avec le zèle de la chose et toute l’activité imaginable pour la suivre, il est possible qu’un aussi long temps se soit écoulé dans les plus vives sollicitations sans avoir encore rien obtenu. Cependant les circonstances pressent toujours davantage : la pénurie des finances de la ville de Lyon est parvenue à son comble ; tous les revenus importants sont anéantis, les charges sont augmentées, le concours des besoins de l’Hôpital ajoute à ceux de la ville tout ce qui peut exister de plus pressant, et nous touchons à une crise funeste qui peut mettre en subversion la seconde ville du royaume et ébranler par elle la paix de tout l’empire, le maintien même de la Constitution. Car, dans ces temps de troubles, il suffirait d’une moindre étincelle au milieu de la foule de nos ennemis, ardents à profiter de tout, pour produire des ravages affreux.

Alarmé de cette situation, que je ne cesse de représenter dans les

  1. Ms. 6241, fol. 65-66. — Même remarques que pour la lettre précédente.