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ANNÉE 1781.


Avertissement.

Nous avons vu que Roland, envoyé en mission à Sens, était revenu passer auprès de sa femme les fêtes du 1er  janvier 1781. Dès le 3, il retourne à Sens ; le 19, il est déjà revenu à Paris[1]. À la fin de janvier, il a regagné, après un an d’absence, sa résidence d’Amiens, mais seul ; il a envoyé sa femme à Rouen et à Dieppe, en partie pour qu’elle fasse connaissance avec les amis bien chers qu’il avait dans ces deux villes, en partie aussi pour qu’elle surveille l’édition de ses Lettres d’Italie, qui s’imprimaient alors à Dieppe.

On trouvera à l’appendice D d’abondants détails sur ces amis de Rouen et de Dieppe, les frères Cousin, Baillière, Justamont, et les demoiselles Malortie. C’est chez celles-ci que descendit Madame Roland, dans cette maison de la rue aux Ours, où, douze ans plus tard, elles devaient cacher Roland proscrit par la Commune de Paris. C’est là qu’il lui écrit d’Amiens, les 3, 6, 11 et 18 février (ms. 6240, fol. 100-101, 84-85, 86-87, 88-89), en lui parlant de la société où il vivait et où elle était attendue ; « … On a de grands projets sur toi ; cependant les femmes te craignent terriblement ; encore cela vaut-il mieux que le contraire… Ménage-toi bien et songe que j’aurai beaucoup de plaisir de le[2] voir courir par ci par là… Je soupai jeudi dernier, chez tes amies. Que de questions et de babil !… Je vais fréquemment chez ma voisine [Mme  d’Eu] ; on t’y attend ; on y parle souvent de toi, on t’y redoute ; je dis que tu es une bonne enfant, etc… Ménage ta santé, conserve le populo, aime-moi ; le reste ira comme il pourra… J’arrange ta chambre de mon mieux ; je ne saurais t’exprimer combien je désire que tu sois passablement bien dans ton appartement. L’idée de t’y voir à ton aise et

  1. Lettre autographe de Madame Roland, mais signée par son mari, au libraire Panckoucke, Paris, 19 janvier 1781, Papiers Roland, ms. 9530 ; fol. 138-139.
  2. Sic. Si l’on considère que l’enfant de Roland naquit le 4 octobre 1781, on voit qu’il se pressait d’espérer. D’autres passages de ces lettres montrent même qu’il avait fait ses confidences à un de ses frères de Villefranche et à Lanthenas.