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tage !… Puisque les élections sont suspendues, vous reviendrez sans doute ici ; c’est encore le centre où il faut que se réunissent les bons citoyens pour y combattre les autres. Donnez-nous de vos nouvelles.

On attend le Roi demain.

Brissot commence pourtant à raisonner dans sa feuille d’aujourd’hui.


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[À CHAMPAGNEUX, À LYON[1].]
29 juin 1791, — de Paris.

Après tant de bonnes choses de ce seigneur et maître, les fantaisies de ma plume volontaire ne viennent peut-être pas fort à propos ; mais il faut que je vous apprenne que les électeurs de Villefranche sont détestables, dans toute la force du terme. Un petit avocat, Pein, homme sans mœurs, sans autre caractère que celui de l’intrigue, impudent et vain, ennemi de la Révolution, méprisable et méprisé, en conséquence mis de côté dans les premiers temps, a levé une espèce de petit club contre celui des Amis de la Constitution[2] ; avec ce moyen de cabale, adroitement ménagé, il a tout fait, et, de neuf électeurs, sept sont sortis de son petit club, lui à la tête[3] ; il va travailler tous vos gens de la campagne, et les infecter si vous n’y prenez garde ; c’est un ami

  1. Ms. 6241, fol. 75-76. — La première partie de la lettre est de Roland (suites de l’affaire de Varennes ; Louis XVI « est démontré coupable ou imbécile ; il faut le punir ou le déclarer en démence ». — Affaires de Lyon ; Choix des électeurs de Lyon ; Roland s’en inquiète). — Nous ne donnons ici que le post-scriptum, qui est de Madame Roland.
  2. Il y avait, à Villefranche, deux clubs des Amis de la Constitution : l’un, affilié à la Société de Paris, et où étaient les amis de Roland ; l’autre, non affilié, « tenant ses séances chez Maurin », et dont Pein était président. — Voir une lettre intéressante écrite à Madame Roland, le 13 avril 1791, par une de ses amies de Villefranche (Mme Braun), et publiée par nous (Révolution française d’août 1896 : « Une entrée épiscopale en 1791 »).
  3. Électeurs de Villefranche, 1re section : Pein, homme de loi ; Dachot fils, Deschamps-Arnaud, Vatout, Constant aîné ; 2e section : Varenard, procureur syndic du district, Canet cadet, Pique, Corcevay père (Almanach de la ville de Lyon et du département de Rhône-et-Loire, 1792).